Fleurs rouges

Voilà le titre du poème que Charles Ducal vient d’écrire à l’occasion de la Journée internationale de la Femme célébrée le 8 mars. Avec ce nouveau texte, notre ancien Poète National poursuit sa lutte pour la justice sociale et dénonce clairement le mépris trop souvent témoigné au travail des femmes.

 

Fleurs rouges
Charles Ducal (traduction de Danielle Losman)

Réduite à un tablier, un torchon, un clavier,
il va de soi bien sûr qu’elle fonctionne
aussi sans nom, sans visage,
jusqu’à l’usure, la mise hors d’usage :

scanne le prix, borde le lit d’hôpital,
se courbe vers le sol. Elle n’a rien des fleurs
qui chacune pour soi s’approprient le soleil,
sa besogne est un chant qui n’exalte pas,

ne s’envole pas dans la lumière là-haut où l’on vit
dans l’opulence, où personne ne demande combien
un dos peut porter ou ce qu’un vieux torchon
pioche dans la pension.

Et si un jour tous les torchons et tous les tabliers,
et toutes les caisses criaient à l’unisson,
en haut n’entendraient-ils pas qu’en bas
ça ne marche plus de cette façon,

le jour où le torchon quitte le sol
et traverse Bruxelles, brandi à bout de bras ?