Jacques Sojcher : « Hommage à Marcel Moreau »

Pour Hélène

 

Marcel, tu es le fils de Dionysos.

Tes livres emportent, comme dit Nietzsche,

« au-delà de tous les livres ».

Tu es soulevé, soûlé. L’instinct chez toi

est devenu rythme. C’est ta vocation.

Tu es voué aux mots qui dansent.

Ton Verbe libère de la grammaire,

de tous les bons usages.

Une respiration plus large ouvre ton corps

à une messe d’amour.

Tu célèbres le Sacre de la femme,

de l’infante roumaine,

de la reine de la nuit  de chair.

Tu affoles les sens,

tu ouvres le sens à l’insensé.

Tu dévores tout ce que tu vois,

entend, goûte, sent.

Tu fais de la vie une fête

pour nous pousser à quitter

tout ce qui rapetisse et dénature la nature.

Tu invites à une Cène,

où coulera le vin sans mesure.

Tu reçois tes amis, que tu régales d’une daube

que tu  as préparée toute  la journée.

Tu es un ogre doux.

J’entends ton rire à ces mots.

ta vois éraillée dans la fumée de ton cigarillo.

Demain,tu te lèveras de grand matin

pour écrire en escaladant la page

pour aller au – delà de toi.

C’est ta fruition ordinaire

( ce mot trouvé dans le vieux dictionnaire Furetière)

dont tu  as fait ta morale des épicentres.

Je t’ai rencontré un jour avec Julie ou la dissolution,

à la presque moitié se ma vie.

J’ai donné à ma fille ce prénom : Julie.

Tu es devenu son parrain

Toujours plus, tu vois, de ma famille.

Tu es le plus vivant des vivants.

Je t’aime.