Septième Poème National de Carl Norac

POUR LA FAMILLE ABOU HATAB

(dont vous ne connaissez pas le nom)

 

Dans le camp de réfugiés d’Al-Shati, c’était le jour de l’Aïd.

Malgré le feu sur toutes les lèvres, ils s’habillèrent pour la fête.

Huit enfants, deux femmes.

Ils se vêtirent sans le savoir pour mourir en famille.

Pas le temps d’atteindre la cave.

Les mains ce matin-là voulaient fondre dans le miel.

Ne pas oublier que la fumée peut survenir derrière la vitre,

avec les sifflements, mais dessiner sur la vapeur

d’un thé ou lentement découper les viandes blanches,

couteau luisant pour seule arme.

Mais cette fois, c’est à la fin du jeûne qu’il advint

qu’on devienne en mère, en fille ou en garçon

de la chair à canon.

Ailleurs, le marchand d’armes descend aussi

vers sa cave : il y regarde son vin vieillir,

à la lueur traque la lie, celui-ci est trop jeune, un peu vert,

attendons belle robe, et mieux que Noé, le Sage

de tous les livres, habile autrefois en ses vignes,

sachons du raisin soutirer le plus précieux carmin.

Ces tirs bien loin de là, juste à l’ouest de Gaza,

on les nomma ainsi : une dissuasion.

La dissuasion d’exister, de respirer,

de s’entendre derrière les parois

comme tant, dans les deux camps, y aspirent,

de s’engager ensemble à ne plus vivre encagés,

enclavés, encavés par l’histoire.

Huit enfants, deux femmes encore,

un samedi matin au grand pressoir

de cette humanité perdue pour une soif ancienne.

La date du retour au partage du jour

fut choisie par des savants en observant la lune,

celle dont le rouge parfois enflamme le soir sans brûler.

L’Aïd el-Fitr, au fond des âges, célébrait la pluie

et l’éclipse. Hier, il ne plut que des bombes

et c’est notre monde, non plus l’astre de la nuit,

qui pour longtemps s’est obscurci

dans le rond d’une cible.

 

Carl Norac – 16 mai 2021

 

 

Annonce officielle : Mustafa Kör sera Poète National après Carl Norac

Le 21 mars, à l’occasion de la Journée mondiale de la Poésie, les partenaires du projet Poète National annonceront officiellement que le poète néerlandophone Mustafa Kör sera le prochain Poète National et qu’il entrera en fonction en janvier 2022.

Lors du Gedichtendag 2022, la Journée néerlandophone de la Poésie, Mustafa Kör prendra le relais de Carl Norac, en tant que Poète National de Belgique. Comme ses prédécesseurs, il prendra ses fonctions pour deux ans, durant lesquels il aura pour mission d’écrire 12 poèmes adressés aux Belges, sur des thèmes d’actualité ou qui lui tiennent à cœur. La Journée Mondiale de la Poésie est un moment symbolique adéquat pour l’inviter officiellement à rejoindre l’équipe des Poètes Nationaux, au sein de laquelle il soutiendra Carl Norac dans ses projets, avant de lui succéder.

Carl Norac, le Poète National en fonction, actuellement en résidence à la Maison du Poète à Watou, a souhaité surprendre Mustafa Kör, chez lui, avec Maud Vanhauwaert. Il a choisi de lui adresser un poème, spécialement écrit pour l’occasion. Les deux hommes l’ont symboliquement planté dans le jardin de Kör, pour représenter le lien entre les deux poètes et les projets de Mustafa qui ont encore un an pour éclore et se développer. En collaboration avec LangZullenWeLezen, le Poëzicentrum a réalisé une brève vidéo, dans la série Dichter met Maud, de façon à diffuser cette nouvelle à l’échelle mondiale.

 

 

Les premiers mots de Mustafa Kör

Mustafa Kör s’est confié sur son futur rôle de Poète National :
J’aimerais enlever la poésie des jardins botaniques au sein desquels elle est souvent logée. Cet environnement précieux peut être hermétique, je souhaite donc emmener les poèmes dans les jardins et les semer, en espérant que ma poésie s’épanouira et proliférera dans des formes hybrides, amorphes, nouvelles et affirmatives.

Durant les quelques mois précédant sa nomination, Mustafa Kör commencera déjà à travailler en étroite collaboration avec Carl Norac, à travers divers projets, comme « Dansez le poème », en collaboration avec la Maison de la Poésie de Namur. Cela permettra de renforcer encore les liens entre poètes, au-delà des frontières linguistiques. Lorsque Kör deviendra Poète National, Carl prendra à son tour le rôle d’ambassadeur de Mustafa.

 

Biographie de Mustafa Kör

Mustafa Kör (1976), fils de mineurs, est écrivain et poète. Il est né en Anatolie et a grandi à Ogrimbie, dans le Limbourg. En 1998, il subit une fracture du dos à la suite d’un accident de voiture et il vit désormais en fauteuil roulant. Son handicap a bouleversé toute sa vie et l’a poussé à se mettre en écriture, « par colère, par amour. Je voulais tout exprimer », a déclaré Kör lors d’une conférence à Genk, en 2010.

Mustafa Kör connaît le succès dans sa carrière d’écrivain depuis plusieurs années déjà. Il est notamment connu pour son roman De Lammeren (Les Agneaux), publié pour la première fois en 2007 et révisé puis réédité, en 2017, par Uitgeverij Friday. En 2008, il a été Poète de la Ville de Genk pendant un an. Il a remporté le premier prix du concours hollandais El Hizhra, section prose, pour son récit intitulé « Uitverkorene ». En outre, il a reçu le prix culturel biennal de Maasmechelen et le prix Groene Waterman.

Ses débuts poétiques, Ben jij liefde, parus en mai 2016 dans Vrijdag, ont été salués par la critique et lui ont valu une nomination au prix des Poëziedebuutprijs Aan Zee, en 2017. Depuis 2018, il fait partie de Versopolis, la Plateforme européenne des poètes. Il est également parrain de Het Lezerscollectief. Il a été Poète en résidence dans une école technique à Tessenderlo (une initiative de CANON Cultuurcel et du Poëziecentrum) et, dans ce cadre, a publié un recueil de poèmes avec 16 élèves dans la collection Poëziejongens (PoëzieCentrum, 2019).

Sixième Poème National de Carl Norac

Still standing

 

Sortant du train bondé,

de la fourmilière des gens

qui filent vers la mer pour emplir

la digue de souffles, de fleurs en papier

et soigner leurs fêlures,

il marche vers le théâtre

et entre dans la salle vide.

Aujourd’hui, il devait y confier ses chemins,

la simple égratignure du temps quand il devient lueur,

poème comme sable ou caillou, jamais cendre,

avec ces pointes d’ongles

que la paume adoucit vers le regard des autres.

Personne. Devant la porte scellée,

ces sièges rouges fermés comme des huîtres,

debout, il lit cependant. Pas pour lui-même.

Il envoie ses paroles aux quatre coins,

qu’elles fassent office de paysage, prennent place

pour les absents qui, peut-être,

se seraient laissés traverser.

À la dernière strophe, il hausse la voix,

avec fougue, comme si ses phrases

portaient juste un peu de poudre.

Qui sait ? La poésie parfois fait sauter les serrures.

Et c’est ce qu’il advient.

Par cet infime appel d’air vers la rue,

passantes et passants entrent lentement,

s’asseyent en forçant

les coquillages de velours rouge.

Plus rien ne bouge.

L’homme lui-même se tait un court instant

et ce premier silence, devant une assemblée,

ayant pour seule loi le bonheur

d’être rompu ensemble,

explose soudain tel un chant.

Ah comme il est bon de retrouver en soi

au moins un mot qui n’obéira pas.

« Table rase », cinquième Poème National de Carl Norac, et « Samizdat », poème de Leo Gillessen écrit en écho

Table rase

 

L’année s’est immiscée et c’est nous

qui devons la meubler d’un souffle.

Faire table rase, disais-tu.

Mais nous venons déjà de jeter janvier

devant nous telle une fausse promesse,

un peu de pain semé au ciel

en dessinant du regard un oiseau invisible.

A la file, nous vaquons toujours au désordre.

Cependant, nous entrons

en ces chemins contrariés

avec ce qui demeure de feu, d’immuable

en nos constructions d’allumettes,

nos châteaux de sable, nos élans,

nos précieux samizdats, nos résolutions.

Pour exaucer nos rêves encombrés

demeure sur nos routes,

en ce matin de février,

le mot espoir qui traîne.
Un espoir sans frémir, ni briller, ni falloir.

Jusqu’où le pousserons-nous

en nos maisons, coûte que coûte ?

Nous le posons sur une table,

puis sur la page à peine tournée.

Avec ce mot-là pour emblème,

nous pouvons au moins démasquer,

loin de la gueule de l’emploi,

deux lèvres entrouvertes au poème.

 

« À la suite de la publication du cinquième Poème National, le poète de la région germanophone Leo Gillessen a relevé un mot qui l’a inspiré pour écrire un autre poème. Carl Norac a souhaité le partager. Le mot « samizdat » lui est cher, lui rappelle son adolescence où il militait très activement pour la libération d’écrivains russes et roumains emprisonnés, et dont le samizdat demeurait l’ultime espoir d’être entendu et aussi d’exprimer leur art ».

 

Samizdat
– tout autorité se méfie de ceux qui n’ont pas peur

Nous écrivons
le tout de suite
ce qui n’attend pas
comme on ne peut
interdire que je parle
et que j’écrive
seul dans ces nuits
des jours mornes
avec leur méfie
imposé par ceux
qui se croient d’un air sérieux
imposeurs par nécessité
et qui disent ‘on doit absolument’
par peur de la menace
‘la mort’ dit-on au bout
du doigt soulevé
éviter la mort à tout prix
et puisqu’ils se rappellent
en parlant que nul ne peut
arrêter sa mort puisqu’on
la fait soi-même seul
quand il faudra alors
ils disent il faut éviter
celle des autres comme si
on pouvait donner la faute
de sa mort à autrui ou
ôter aux vieux
leur souveraineté de la vie
et ce qui règne
c’est la peur qui ainsi
s’embrase et ravage
toute culture tout soutien
et tout biotope florissant
et maintenant tout de suite
il est temps de regarder
comment on essaye
d’organiser la vie
la sienne et celle des autres
non par les structures de la menace
et de la peur semée
par manque de clarté
des esprits posés sur les braises
de vieux incendies
jamais éteins
seul des êtres libres
font une société libre
ainsi à chacun de se libérer
de toute contrainte et menace
qu’il a tenu jusque-là
pour survivre au malheur
il y a l’espoir ce crochet qui ne sert
qu’à accrocher les vieux habits
d’une fausse sécurité
puisque nous savons dès notre enfance
que toute sécurité est fausse
et nous savons depuis toujours
que la vie est juste tel quel
et que nous pouvons
en chaque moment
nous appuyer sur ce qui est
l’incroyable confiance
en ce qui est juste vie
et liberté en nous

Quatrième Poème National de Carl Norac

Alors que les élections présidentielles ont été et sont encore un sujet brûlant aux États-Unis et au-delà de leurs frontières, Carl Norac a choisi d’écrire une ode à l’Amérique, son Amérique.

Nous avons tous en nous une Amérique rêvée, mêlée de musique, de livres, de rêves… C’est le cas de Carl Norac, adolescent nourri de références made in USA. Patti Smith, Walt Whitman, John Cassavetes… les allusions du texte sont autant de souvenirs qui lui sont chers.

 

O Captain ! My Captain !

 

Adolescents, nous allions au Stock Américain

acheter un peu d’eldorado.

Juste un cuir frotté, pas de l’or,

ou ce denim pour moquer un ciel

qui se délave ici bien avant la pluie.

Nous revenions de Bruxelles, si rutilants

dans l’omnibus, lissant nos bottes et nous levant

comme on claque des ailes.

C’est Lou Reed qui ensuite m’emmena jusqu’à Berlin,

Jack London au Pôle et Patti Smith vers Charleville.

En quelques ombres, Cassavetes me donna envie

d’acheter une caméra à deux sous pour tenter

de dire l’autre vérité du monde,

celle qui serait déjà sur le seuil, à portée de souffle.

Ciné-club de l’école : sur l’affiche,

nous lisions en riant It’s terrific !,

Orson nous toisant en un Citizen Kane

que nous pensions bien à tort

voir disparaître après le générique.

Si sages, étudiant nos leçons sur la Révolution

inspirée des Lumières, nos idées rougissaient

sous la bière, moins timides,

ou se recueillaient sur des tombes blanches.

Sur la route, tuant nos dimanches,

nous n’allions pas bien loin,

easy riders à mobylettes déjantées

ou coureurs de pâtures et d’orties,

simples chapardeurs de maïs,

mais le verbe haut, à la Kerouac.

Je me souviens aussi d’avoir enroulé

dans mes mains, emporté pour refrains

les « Feuilles d’herbe » de Walt Whitman.

Cette nuit, c’est bizarre, tout s’étiole, tu le sais,

sous une bannière mal entoilée,

mais le fantôme de ce poète

qui parlait à Lincoln, tu le vois passer là,

au pays de grande fièvre,

errant comme s’il comptait des voix :

O Captain ! My Captain !

Et tu répètes avec lui, du bout des lèvres,

sans plus rien commenter, ni chanter :

O Captain ! My Captain !, dis-moi,

où va mon Amérique ?

 

Carl Norac          Nuit du 3 au 4 novembre 2020

« Le salutaire coup de gueule de Carl Norac »

En septembre, notre Poète National, Carl Norac, s’est confié à Nicolas Crousse, pour le Soir. Nous le remercions pour cet article qui rappelle que les poètes sont des vecteurs de culture, de littérature et d’espoir mais aussi, et surtout peut-être, des hommes et des femmes d’engagement !

Troisième poème de Carl Norac en tant que Poète National

« Dans le cadre de l’action « Fleurs de funérailles », les échanges que j’ai eus avec la famille mettaient en lumière la sensation que les morts sont aujourd’hui des chiffres. Paradoxalement, alors qu’on n’a jamais autant parlé d’une maladie,qu’elle occupe toutes les pensées et les médias, celles et ceux qui en sont victimes semblent rendus plus anonymes, une statistique chassant celle de la veille. »

 

Ce chemin-là

 

Sur ce chemin-là, les morts sont devenus des chiffres.

Tu as appris la biologie, les lois du monde le plus immédiat.

Tu connais même des mots obscurs et anciens pour parler du soleil.

Cependant, tu ne vois plus ces morts qui échappent à notre regard.

Alors, comme un sursaut en ton confinement,

tes pensées vont leur propre sentier, libres,

tu aspires à ce que se dessine au moins un visage,

une main peut-être fermée, mais avec des lignes franches.

Est-il encore humain l’homme-chiffre, droit comme un 1,

2 pour tomber moins vide ensemble, courbé comme 3,

assis en 4, fuyant en 5, cœur à l’envers 6,

puis 7 rigide, en 8 pour une dernière danse,

redressé fier en 9 avant de tomber ?

Peut-on encore lui rappeler avant qu’il ne repose

la chanson désobéissante de son enfance ?

Ou lui dire comme ça, sur ce chemin-là :

« Tu as combattu quelques invisibles, ri, aimé, persiflé,

envoyé promener, conclu, protesté, désarmé,

tu as heureusement fait des folies de ton sort,

tu t’es trompé, tu as donné raison ou tort,

tes pas t’ont emmené parfois derrière le temps.

Alors Amie, Ami, même illusoires, si éphémères,

que ces quelques lignes t’enlèvent un instant

de la misère des ombres et des nombres.

Ici n’est pas litanie, ni fol espoir,

mais que la nuit te soit douce

comme une aube arrivée un peu tard :

qui que tu sois, qu’on t’aie tenu ou pas la main,

tu deviens plus que jamais ce chemin.

 

 

Les derniers mots d’Els Moors en tant que Poète Nationale

Les fameuses lignes « Arrêtez-vous et pleurons au souvenir d’un être aimé et d’un campement, aux confins de la dune, entre Dakhoul, Hawmal », sont du poète arabe Imrou oul Qaïs. Mort en 540 après J.-C., Imrou oul Qaïs a passé sa courte vie de prince à louvoyer entre la poésie et les affaires d’État. Or les poètes arabes qui n’étaient pas nés princes dans le désert étaient non moins respectés de tous, voire consultés par le roi lorsqu’il avait besoin de conseils. Leur réputation provenait des interminables récitations vespérales autour des feux de camp. Depuis toujours, la poésie était considérée comme l’archive des moeurs, des coutumes, de la langue et de l’histoire de la communauté*2. La charge bisannuelle du Poète National ne requiert pas, bien sûr, du poète qu’il rende conseil au roi et aux politiciens. Dans un pays où, pendant des décennies, les crises communautaires se succèdent et sont fabriquées pour détourner l’attention d’autres abus, le Poète National n’a pas une seconde à perdre, à la différence des politiciens.

Read More

Les premiers mots de Carl Norac en tant que Poète National

Je vous adresse tout d’abord quelques mots en néerlandais, une langue que je suis en train d’apprendre plus profondément. Je la comprends, je la parle mal. Être Dichter des Vaderlands, ce sera un voyage profond dans la Belgique telle qu’elle est, telle qu’on voudrait qu’elle soit davantage. Ce sera pour moi aussi un voyage passionnant dans une langue. Cet amour de la Flandre que j’ai toujours eu, cette envie d’échanges, de voyages au cœur des mots, je vais pouvoir les dire de plus en plus. Ce sera un des bonheurs des deux ans qui viennent.)

Quelle étrange idée qu’un Poète National, n’est-ce pas ? me demande-t-on parfois. Se promène-t-il avec une couronne de fleurs sur la tête ? Est-il un confident du pouvoir ou de quelque société secrète de l’esprit ? Je réponds que l’importance n’est pas ce titre, mais ce qu’on peut espérer en faire avec conviction, humilité. Je suis impressionné par l’action et les poèmes de Charles Ducal, Laurence Vielle, Els Moors, ainsi que par l’ensemble des partenaires que je remercie de tout cœur et qui font que ce projet est aujourd’hui une réalité en mouvement, le mouvement de la poésie.

Read More

10ième poème d’Els Moors en tant que Poète Nationale

À la fin du mois d’août, notre Poète Nationale, Els Moors, a séjourné à la Letterie, à Ostende. Elle y a côtoyé quelques écrivains, « échoués » sur la côte belge le temps d’une résidence, ainsi que son successeur, Carl Norac. Carl, fraichement installé à Ostende, leur a proposé ses premières impressions de la ville balnéaire en photos et celles-ci ont inspiré les écrivains résidents. Ce séjour a donné lieu à un « Gesamtkunstwerk », une œuvre d’art totale, en allemand. Ce nouveau poème, « Leçon de vol » en fait partie.

 

Leçon de vol

 

voici la rumeur de la mer mais dans cette ville
en mémoire des vagues qui échouent sur la plage
résonne toujours d’abord le chant rond des mouettes
allant d’un sifflement affolé sur

Read More