« Promesses, promesses », Le troisième poème de Lisette Lombé

Promesses, Promesses

Mémoires friables.
Fenêtres ouvertes.
Vent frais sur nos fronts.

Seconde de silence
juste avant les applaudissements.

Vingt heures pile.

Encouragements censés s’envoler vers le personnel soignant
mais élan inverse de l’hélium.
Ballon d’espoir qui se dégonfle au pic des contaminations,
retombe sur le flanc,
à côté d’une haie
de déshonneur.

Enfants qui jouent aux petits caïds sur les balcons,
se moquent des chiens qui aboient et des passants.

Et voilà que nous nous promettons,

dociles rebelles,

que lorsque le masque ne sera plus obligatoire,
le travail en distanciel plus obligatoire,
rester chez soi plus obligatoire,
nous nous promettons
que nous exhiberons
notre peau
luisante,

moiteur des trottoirs,
tendresse en étendard,
assise des nouveaux engagements,
lenteur des arbres,
refus des torrents d’ordres contradictoires,
braquage de l’isolement.
.

Promesses, promesses.
Nous nous promettons

mais savons-nous seulement
ce qu’est une mue ?