Béatrice Libert : « Ce matin-là »
Ce matin-là
Il se fit un grand silence
Dans la maison et alentours
Ta mort avait éteint la rue
Les rêves et les oiseaux
Ceux que tu laissais
Soudainement
Se sont sentis perdus
Perdus de solitude
Et de chagrin
Pourtant
Tu ne les avais pas abandonnés
Tu avais simplement pris
Une allée de traverse
Alors qu’au jardin
Les magnolias
Dansaient pour toi
Tout ce que tu fus
Tout ce que tu fis
Sont devenus semences
Pour les heures à venir
Et cet amour
Qu’en nous tu versas
Le voici devenu cet humus
Dont nous faisons
À présent
Religieusement
Ta sépulture
Pour que rien
Ni gestes
Ni paroles
Ni sourires
Ne soit perdu
À jamais
© Béatrice Libert, 30 mars 2020