Chant du travail

Le deuxième poème du Poète National Charles Ducal est une parabole sur le marché du travail, écrite pour les travailleurs de Ford Genk et ArcelorMittal. Le poème est publié le 30 avril dans les journaux De Morgen, Vers L’Avenir et Grenz-Echo, à l’occasion de la Fête du Travail.

Chant du travail

Pour les travailleurs de Ford Genk et d’ArcelorMittal

 

Jamais l’arbre n’a porté tant de fruits
mais les temps sont durs, dit le seigneur.
Il retire deux échelles, les cueilleurs
restants récoltent jour et nuit.

 

Jamais greniers ne se sont mieux remplis
mais la part des cueilleurs se réduit.
Ils ont beau cueillir plus vite, plus longtemps,
leur labeur au seigneur pèse autant.

 

Ailleurs on grimpe à l’arbre affamé
et on en descend le ventre creux.
Le seigneur aperçoit la lueur d’un gain:
le verger est arraché.

 

Un autre est planté en des terres lointaines.
En guise d’adieu, chaque cueilleur reçoit
un beau panier de fruits. Les temps sont durs
quand au bas de l’échelle un homme est en pleurs.

 

Sans arbre un cueilleur est une main
immobile suspendue en l’air
où tombe une obole chaque matin.
Une obole rend fainéant, estime le seigneur.

 

Sur quoi il envoie son prêtre proclamer la Parole
qui fait du cueilleur désœuvré un pécheur
et l’exhorte à se mettre en quête
d’un arbre. Il doit bien en rester un.

 

Morale:

 

Que l’emploi cesse d’être un marché,
et chacun pourra travailler.