Table rase
L’année s’est immiscée et c’est nous
qui devons la meubler d’un souffle.
Faire table rase, disais-tu.
Mais nous venons déjà de jeter janvier
devant nous telle une fausse promesse,
un peu de pain semé au ciel
en dessinant du regard un oiseau invisible.
A la file, nous vaquons toujours au désordre.
Cependant, nous entrons
en ces chemins contrariés
avec ce qui demeure de feu, d’immuable
en nos constructions d’allumettes,
nos châteaux de sable, nos élans,
nos précieux samizdats, nos résolutions.
Pour exaucer nos rêves encombrés
demeure sur nos routes,
en ce matin de février,
le mot espoir qui traîne.
Un espoir sans frémir, ni briller, ni falloir.
Jusqu’où le pousserons-nous
en nos maisons, coûte que coûte ?
Nous le posons sur une table,
puis sur la page à peine tournée.
Avec ce mot-là pour emblème,
nous pouvons au moins démasquer,
loin de la gueule de l’emploi,
deux lèvres entrouvertes au poème.