Pouvoir d’achat

Le septième poème du Poète National nous pousse à nous interroger sur la notion de « pouvoir d’achat ». Dans une société qui crée autant d’immenses richesses que de pauvreté criante et qui tend à remplacer de plus en plus la satisfaction solidaire des besoins de base par la responsabilité individuelle. Le poème paraît pour la première fois ce 17 octobre 14, journée mondiale de la Pauvreté.

Pouvoir d’achat

Après sa mort, Dieu devint de l’or
liquide. Sous cette forme il s’étendit partout,
en tout lieu, qu’il inondait
au point d’être l’unique dieu adoré.

 

Plus chaud que cendre bouillante, plus froid que glace
il pénétra par les yeux et les oreilles
et plia toutes les mains à son commandement :
qui veut une vie est tenu de l’acheter.

 

Qui le peut se liquéfie comme Dieu même,
croît et se déverse sur le monde,
des milliers de dieux, chacun l’unique.
Qui ne le peut cesse d’exister,

 

un rameur sans pagaie,
un nageur dans la fange,
un naufragé à bout de souffle,
une guêpe dans un jus d’orange.

 

Traduit par Pierre Geron et les autres membres du Collectif des Traducteurs de Passa Porta.