Lisette Lombé publie son troisième poème national

Quelques semaines après la rentrée scolaire et à l’occasion de sa participation à la 4e édition du marché de la poésie de Bruxelles, le Poetik BazarLisette Lombé, publie « Promesses, promesse », le troisième poème de sa mission de Poétesse Nationale. Voici ce qu’elle exprime à propos de la naissance de ce nouveau texte :

Il y a 4 ans, nos enfants rentraient à l’école avec des masques. Urgences pédopsychiatriques saturées : phobies scolaires, pensées suicidaires, dépressions, violences intrafamiliales… Un poème pour ne pas oublier, au milieu des marronniers de la rentrée. Ne pas faire comme si la secousse colossale avait déjà été collectivement digérée. Le temps des guérisons est plus long que le temps des mots. Occasion aussi de rendre hommage à Carl Norac et à son action porteuse de sens pour les familles endeuillées en périodes de confinement : Les Fleurs de Funérailles.
Et toujours cette question : Quelle partie de nous est revenue de cette claustration et quelle partie est restée là-bas ?

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Madame Rima, la nouvelle mascotte de la Poétesse Nationale

Le concept « Madame Rima », imaginé par Lisette Lombé et déjà incarné sous la forme d’une valise remplie de petits papiers de couleurs qui l’accompagne depuis plusieurs années lors des nombreux ateliers d’écriture qu’elle anime, a pris cette année une nouvelle dimension ! Le fonctionnement initial de Madame Rima repose sur le principe des cadavres exquis et de la littérature combinatoire. Jusqu’ici, les personnes qui sollicitaient Madame Rima devaient piocher dans la valise des petits papiers de couleurs différentes et se voyaient révéler une formule poétique positive et encourageante. Il existe 64 milliards de combinaisons possibles.

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« Et nous parlerons alors le même langage », Lisette Lombé publie son second poème

Notre nouvelle Poétesse nationale, Lisette Lombé, publie « Et nous parlerons alors le même langage », le deuxième poème de sa mission. Après « Sous la vareuse de foot », le texte bouleversant que la poétesse avait écrit à l’occasion de son intronisation officielle, le 28 mars dernier, ce nouveau poème dénonce les valeurs racistes qui sont diffusées au travers de certaines campagnes politiques présentes sur les réseaux sociaux. Retrouvez ici les mots de l’autrice à propos de ce qui a fait naître ce texte, à l’aube même des élections fédérales belges :

Quelques jours avant d’écrire le poème, sur un pont de l’autoroute entre Namur et Liège, j’ai aperçu deux jeunes hommes qui agitaient deux grands drapeaux aux couleurs de la Belgique. Sur un panneau, il était écrit « Stop immigration ». Ma filleule de 16 ans m’a informée qu’il s’agissait d’un parti politique d’extrême droite actif sur les réseaux sociaux et que certaines vidéos circulaient. J’ai été choquée par ces valeurs racistes diffusées par des canaux modernes et portées par des jeunes. Le poème est né de discussions avec mes enfants et celleux de ma sœur.

Découvrez « Et nous parlerons alors le même langage » dès à présent.

Chassé-croisé de poèmes nationaux en cette journée de remise du titre de Poétesse Nationale à Lisette Lombé

C’est officiel, ce matin, Lisette Lombé a reçu des mains du poète néerlandophone Mustafa Kör, le titre de Poétesse Nationale. La remise du flambeau s’est déroulée à l’École communale du Parc Astrid de Jambes dans une ambiance aussi légère que joyeuse insufflée par l’énergie de plus de 200 enfants.

C’est une matinée hors du commun que la nouvelle Poétesse Nationale et son prédécesseur ont vécu ce 28 mars aux côtés des fiers élèves de l’école communale jamboise. Ensemble, ils ont porté la poésie là où Lisette Lombé l’espère et l’imagine : hors des livres pour réchauffer les cœurs, passant de voix en voix dans une danse collective, sincère et généreuse.

En plus des souvenirs gravés dont les images seront bientôt publiées sur la page Facebook du projet, il restera de cette belle journée les deux poèmes que les Poètes Nationaux nous ont offerts pour l’occasion.

Découvrez donc sans plus attendre, « Sous la vareuse de foot », le premier poème de Lisette Lombé en tant que Poétesse Nationale et « Belgique », l’ultime et 12e texte de la mission de Mustafa Kör.

Le troisième poème de Mustafa Kör, traduit en anglais

Cold Feet

 

Farewell

This is a sad goodbye

After all, a traveller needs to be on the road

Safe and sound

To and from

Loved ones

A buzzing city

 

Fare. Well.

Onwards. Whereto?

This is no journey, at least not for my kind

Spastic, idiot, senile

 

You take the hurdles as they come

What about your cold feet? And unwillingness?

 

The daily pilgrimage by rail or road

Rampant arbitrariness where gentlemen don’ t get up

but kneel down orderly

 

The anguish of day-trippers

The journey of the blind and lame

 

I will no longer fear anything

if everyone becomes disgruntled with how we treat

the needy and the stagnation in waiting rooms and stations

 

Agile or limping

Why depart if we’re going to get stranded anyway?

Stranded. Beached. Silting up

We can do it all in the ankle-deep

We want the sea

 

Traduction en anglais: Astrid Alben

Retour sur l’investiture de Mustafa Kör

Le 23 mars, Mustafa Kör est devenu notre nouveau Poète National. Il succède à Carl Norac pour les deux années à venir. La cérémonie d’investiture a eu lieu au Jardin Botanique de Meise. Découvrez dans cette vidéo quelques images de cette belle journée !

Neuvième poème national de Carl Norac [dans le cadre d’Escales poétiques]

 

LE GOÛT DE TRAVERSER

à Caroline Pauwels et Marie-Hélène Caroff

 

Sur le fleuve, sur les canaux, nous n’avons

nulle autre frontière que la brume.

Devant, il n’y a que des ponts

qui relient ces gens que l’on voit

traverser et dont certains parfois,

étrangement à nos yeux,

rêvent seulement de murs.

Bien sûr, voilà l’écluse, cet ascenseur

au vieux refrain qui suinte,

où les oiseaux jacassent,

le temps de regarder un paysage

moins mouvant, de célébrer

le crépuscule ou le point du jour

qui, aujourd’hui, se rêve en virgule.

« Nulle frontière ! », nous sommes-nous

répétés sur la péniche, « Pas même de la langue ».

Car, soudain, on vous hèle de la rive,

on comprend ou on ne comprend pas,

sinon que le geste se ressemble,

simple principe de la main ouverte

au lointain le plus proche.

Si des régions existent à bon droit

et que les cartes qui nous guident

nous le rappellent, nous vivons

également ici, voyageuses, voyageurs,

dans cette volupté de la lenteur

où nous aimons les traverser

aussi libres que la ligne d’eau

et sans écouter les leçons de tous bords.

Sur le fleuve, sur les canaux,

nous n’aurons encore

nulle autre frontière que la brume.

 

« Escales poétiques » : le grand projet de Carl Norac

Le mercredi 1er septembre prochain, à 18h, la Maison de la Poésie de Namur accueillera la conférence de presse et la soirée de lancement du principal projet de Carl Norac, en tant que Poète National. Il est intitulé « Escales poétiques ». 

Il s’agit de deux résidences poétiques (Watou et Namur), d’un Festival de la Lenteur (à venir), ainsi que d’une navigation entre Flandre et Wallonie, en compagnie de poètes belges francophones, néerlandophones et germanophones, invités pour des temps d’échange, de création au fil de l’eau et de rencontres publiques dans les villes partenaires.

Cette navigation, initiée par Carl Norac, Poète National de Belgique – Dichter des Vaderlands, se déroulera du 2 au 15 septembre 2021, entre Namur, Bruxelles et Gand, à bord de la péniche namuroise Formigny et grâce à l’organisation de l’association Caranusca. Carl Norac voyagera notamment en compagnie des poètes Astrid Haerens, Amina Belorf, Yves Namur, Laurence Vielle, Jan Ducheyne, Aurélien Dony, Lisette Lombé, Paul Bogaert et Jessy James Lafleur.

Le 1er septembre, la Maison de la Poésie accueillera la conférence de presse ainsi que 4 poètes, Carl Norac, Lisette Lombé, Astrid Haerens et Amina Belorf, pour une rencontre et des lectures bilingues. L’exposition de Carl Norac « Rops pas à pas, sur les chemins du poète » sera également ouverte au public.

 

 

Les mots de Carl Norac

« Depuis que j’écris, je n’ai jamais accepté cette frontière invisible qui fait que les artistes des différentes communautés linguistiques de mon pays se connaissent si peu. Beaucoup d’initiatives existent aujourd’hui. En particulier, l’action profonde et enthousiaste de l’ensemble des maisons littéraires pour Poète National / Dichter des Vaderlands est fondamentale et je donnerai toute mon énergie pour les aider sur leurs chemins. (…)

Le projet que je soumets donc à ce propos est un tour de Belgique de quinze jours par les canaux, en péniche, où monteront, tout au long de ces deux semaines, des poètes des différentes communautés, sachant qu’aller les un.e.s vers les autres demande du temps, avec cette volupté de la lenteur qu’offre la navigation sur les canaux ou les fleuves. Faire se croiser aussi la plus jeune génération de poètes, celle qui est en mouvement, qui veut changer nos codes, nos conforts d’écriture, nos habitudes. »

 

 

Infos pratiques :

  • Réservations pour la soirée de lancement du mercredi 1er septembre à Namur : +32 (0)81 22 53 49
  • Informations et demandes d’interviews pour la presse francophone : info@maisondelapoesie.be
  • Informations et demandes d’interviews pour la presse néerlandophone : info@vonkenzonen.be

Dossier de presse complet : cliquer ici.

Calendrier des événements publics :

  • Conférence de presse : le mercredi 1er septembre, à 18h, à la Maison de la Poésie de Namur
  • Départ de Namur : le jeudi 2 septembre, Quai des Chasseurs ardennais
  • Escale gantoise : le mercredi 8 septembre (programmation digitale à venir)
  • Escale bruxelloise : le dimanche 12 septembre, à 15h30, au Quai des péniches 

 

 

Le Poète National est une initiative littéraire, créée en 2014, qui valorise les échanges littéraires et culturels entre les 3 communautés linguistiques de notre pays. Le Poète National belge est désigné pour une période de deux ans durant laquelle il a pour mission d’écrire au moins 12 poèmes (6 par an) sur des thématiques liées à l’actualité ou à l’histoire de notre pays et/ou de la société. Grâce à l’aide d’un collectif de traducteurs soutenu par Poëzicentrum, tous les poèmes sont disponibles sur le site du Poète National dans les trois langues nationales.

Un projet en partenariat avec la Maison de la poésie et de la Langue Française de Namur, les Midis de la Poésie de Bruxelles, VONK & Zonen, le Poëziecentrum de Gand, La Maison de la poésie d’Amay, Passa Porta, maelstrÖm fiEstival et l’association Caranusca, avec le soutien de l’Accord de coopération culturelle des Communautés française et flamande et la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature.

© Illustration tirée du leporello À l’estime – carnet de paysages du peintre Ronald Curchod et du poète Carl Norac, réalisé lors de leur résidence à bord de la péniche Ange Gabriel, à l’occasion du festival les petites passerelles 2018 // https://www.ronald-curchod.net/

 

Huitième poème national de Carl Norac

DEUIL NATIONAL

 

Quel est le poids d’offrir une épaule de mots

quand le monde vacille

ou que des gens deviennent, dans le courant,

des fétus de paille ?

Un enfant voit passer sur l’eau

un chevreuil, un jouet, une voiture.

Puis une femme avec, au-dessus de la tête,

ce sac brandi comme le journal d’une vie.

Ceux qui ont fermé les casernes de secours,

ceux qui ont supprimé jusqu’aux sacs de sable

pour la loi du marché,

pour d’autres sabliers plus rentables

sont là à se répandre en compassion,

à nous servir leur fable,

un nœud si propre en leur mouchoir.

Ils connaissent la chanson

entonnée l’an dernier quand le soleil devint fou.

Oui, voilà leur urgence à aller de tiroir en tiroir,

à trouver les mots pour paravent

des actes murmurés, cœur sur la main

et coude bien posé sur le dossier qui saigne.

Ah comme il est étrange et cruel, en ce jour,

de proférer ce mot qui, en amour,

tant flamboie parfois au tout premier regard

et qui aujourd’hui devient

le seul leitmotiv de l’excuse :

l’imprévisible.

Septième Poème National de Carl Norac

POUR LA FAMILLE ABOU HATAB

(dont vous ne connaissez pas le nom)

 

Dans le camp de réfugiés d’Al-Shati, c’était le jour de l’Aïd.

Malgré le feu sur toutes les lèvres, ils s’habillèrent pour la fête.

Huit enfants, deux femmes.

Ils se vêtirent sans le savoir pour mourir en famille.

Pas le temps d’atteindre la cave.

Les mains ce matin-là voulaient fondre dans le miel.

Ne pas oublier que la fumée peut survenir derrière la vitre,

avec les sifflements, mais dessiner sur la vapeur

d’un thé ou lentement découper les viandes blanches,

couteau luisant pour seule arme.

Mais cette fois, c’est à la fin du jeûne qu’il advint

qu’on devienne en mère, en fille ou en garçon

de la chair à canon.

Ailleurs, le marchand d’armes descend aussi

vers sa cave : il y regarde son vin vieillir,

à la lueur traque la lie, celui-ci est trop jeune, un peu vert,

attendons belle robe, et mieux que Noé, le Sage

de tous les livres, habile autrefois en ses vignes,

sachons du raisin soutirer le plus précieux carmin.

Ces tirs bien loin de là, juste à l’ouest de Gaza,

on les nomma ainsi : une dissuasion.

La dissuasion d’exister, de respirer,

de s’entendre derrière les parois

comme tant, dans les deux camps, y aspirent,

de s’engager ensemble à ne plus vivre encagés,

enclavés, encavés par l’histoire.

Huit enfants, deux femmes encore,

un samedi matin au grand pressoir

de cette humanité perdue pour une soif ancienne.

La date du retour au partage du jour

fut choisie par des savants en observant la lune,

celle dont le rouge parfois enflamme le soir sans brûler.

L’Aïd el-Fitr, au fond des âges, célébrait la pluie

et l’éclipse. Hier, il ne plut que des bombes

et c’est notre monde, non plus l’astre de la nuit,

qui pour longtemps s’est obscurci

dans le rond d’une cible.

 

Carl Norac – 16 mai 2021