Charles Ducal : « Sauf toi »
Ta mort fait la Une. Décomptée comme décès
parmi tant d’autres, un nombre désespéré
où je te perds, une langue étrangère
où je dois te partager.
Je te veux seule. Attrape cette corde,
elle va jusqu’au fond, attrape-la
que je te remonte vers la lumière.
Je veux poser ma main sur tes yeux :
viens, lève-toi, voici tes vêtements,
tes chaussures, mets-les, je veux que tu
rebrousses tout le chemin d’où je t’ai perdue
jusqu’où je t’ai trouvée.
Chaque pas, chaque geste, chaque seconde
je les veux de retour : ta main sur la table, ton cri
à travers la maison, ton rire dans mon dos,
ta trace dans ma trace sur le drap.
C’est impossible, je le sais, mais il le faut.
Dès que la voie est libre, je te laisse partir.
Je te suis des yeux. Tu ne rencontres personne.
Aussi longtemps que je regarde, personne
aujourd’hui n’est mort,
sauf toi.
Traduction : Danielle Losman
Het gedicht in het Nederlands