Claude Donnay : « Fleurs de funérailles »
Tu as bouclé ton sac
Appelé par la route
Par le vent qui lève dans les maïs
Tu suis ton chemin
Dans le silence d’une montagne
Que tu dessines pour nous
D’un geste léger
Au revoir, nous dit ta main
Tu t’enfonces dans les nuages
Tel un oiseau en transhumance
L’horizon dans la tête
Et nos yeux à tous – boussoles d’amour –
Pour te guider
Quand la pente sera trop raide
Tu pars
Pour mieux revenir dans nos cœurs
Au hasard d’un matin rose
Ou d’un soir d’étoiles à cueillir
Rien ne s’arrête
Surtout pas la vie
Tu ouvriras ton sac
Sur une pierre tiède
Avec un drap de ciel bleu
Tu ouvriras ton sac
Tranquille
Pour casser la croûte du jour
En guettant notre arrivée
Nous, les lents, les escargots du temps
Les flâneurs, les trainards
Toujours en retard
Tu nous connais si bien
Tu nous attendras
Assis sur ta pierre chaude
Sans impatience
Sans inquiétude
Tranquille
Souriant de nous regarder cheminer
Sur ton sentier
Juste quelques lacets plus bas
Tu nous attendras
En caressant du doigt
Le drap de ciel bleu
Rien ne s’arrête, nous dis-tu
Surtout pas la vie
14 novembre 2020