David Giannoni
Il est un fleuve pour nous toutes
Où se déposent sur une barque
Nos corps devenus cadavres
Privés de ce souffle
Qui pourtant jaillit souverain
Le jour de notre naissance ici-bas
Un cri
Alors
Un cri déchirant le deuxième hymen-mère
Cordon coupé
Téton gorgé du premier lait
Plus dense
Nectar
Comme un rappel du ciel
Puis la Traversée
De toute une existence
Et les doutes les joies les amours et les haines
La filiation parfois
Poursuivre dans d’autres corps
Ce que nous aurons été
Dans d’autres mémoires
Ce que nous aurons appris ressenti touché admiré
Et ce survol
Enfin
Alors que notre barque d’indien
Emporte cet amas d’os de chair de muscles et de sang
À l’arrêt
Nous sommes plus
Âmes reliées
Que la somme de tous ces instants
Nous sommes plus que la somme
De toutes ces solitudes
Aujourd’hui est jour d’adieu
Qui veut dire à bientôt
Dans un autre temps
Dans un autre lieu
Où tout se boit
Et où nul ne boit
Où tout nourrit
Et où nul ne mange
Un festin
Se prépare
Nous en serons toutes et tous
Distincts et pourtant unis
Aujourd’hui
Est le jour
Avant ce jour
Il se lève avec un cri
Qui ouvre le silence
Un cri doux
Le troisième hymen
Est celui de notre âme
Qui elle aussi se déplie
Naît alors
L’être véritable
8 avril 2020