Francesco Pittau : « Je n’ai pas prié sur ta tombe ni pleuré… »

Je n’ai pas prié sur ta tombe ni pleuré
ni imploré le ciel et encore moins vociféré
mon inutile colère
me suis éloigné sur l’allée caillouteuse
regardant çà et là les pierres fraîches
et les pierres moussues où dorment des enfants
ombragées par les cèdres qui parlent avec une voix
d’oiseau me suis éloigné vers la ville bruissante
de chaleur

Les jours sont accrochés aux fenêtres
comme des pots de fleurs sur les murs
les vignes s’agriffent avec la vigueur
farouche des choses qui ne durent pas

«Où vas-tu donc de ce pas incertain ? sinon
vers un lieu inconnu peut-être un bistrot frais
une bulle d’ombre dont la douceur apaise»

Assis à une table au plateau de marbre
un chant funèbre désarticulé
me vient aux lèvres un murmure un marmonnement
fait de syllabes insensées : le minder des
sytes kave la mince écision l’apstre ému
— et puis le silence.