Le dixième poème de Mustafa Kör

Seul

 

une mer d’acier nous séparait

échoué d’un autre bord

sur ce rivage hostile je vous ai trouvé

 

les vagues vous lavent, préparent la levée du corps

vous délivrent en votre grande solitude

 

la solitude appartient au créateur

est-ce pour ça que j’incline la tête et exhume

des prières pour votre passage

 

si l’on vous oublie, je me demande

une telle mort, sera-t-elle notre destin

ou aurons-nous miséricorde

 

votre dernier soupir

la houle qui m’a porté vers vous

 

à peine ai-je frôlé votre rivage que

je rejoignais la tempête qui n’apportait plus rien

que des vers tardifs dans le silence que vous nous laissiez

 

Mustafa Kör

Traduction : Danielle Losman, avec Katelijne De Vuyst et Pierre Geron