Le quatrième poème de Mustafa Kör

Femmes de la mine

 

Elles ont cédé aux puits

les plus profonds

leurs maris et leurs fils

 

Fouiller au cœur de l’obscurité

où gisent de préhistoriques colosses

Y descendre, c’est une chose

en ressortir sain et sauf, c’est autre chose

 

Appel ou chant des sirènes

Quelque chose les a ensorcelés

L’or de la terre reposerait là enclavé

dans la pierre et l’infinie poussière

Ils y taillaient leur pain noir pour finir

toussant saignant s’effritant

 

Mais un cœur de femme le sait bien

Pour celles qui ont donné la vie

rien n’est pire que d’attendre

 

Dans le monde ouvrier on accouche

des héros du pain quotidien car quelqu’un

doit braver l’obscurité et le danger

 

Entre des mains et des poumons meurtris

ils ramènent chez eux leur lumière

pour en inonder la table où l’on mange

 

Mustafa Kör

Traduction : Katelijne De Vuyst, avec Danielle Losman et Pierre Geron