Manza : « Mon monument, échos d’héritage »

à ma mère, Bentaleb Fadila 04.11.20 

Repose en paix ma Reine. 

 

Enfance vers une errance,

sécheresse historique, terres arides,

besoin de délivrances,

parcourir des centaines de kilomètres,

quitter son village natal pour survivre

ou refuser de disparaître,

rassemblements de familles entières

vers l’inconnu d’une ville

où la vie nous deviendrait un peu plus tranquille,

à pieds de Al Houceima à Tétouan,

faire en sorte que continue l’héritage du sang,

laisser derrière soi nos souvenirs de laboureurs,

trouver un coin de paix

où, après les périples, un peu de repos, un peu de bonheur

mais on a rien sans rien alors les bas, on les prend comme des âmes sœurs,

sans courber l’échine

car on a été éduqué dans le code de l’honneur

 

Nos mères et pères tantôt unis, tantôt divisés, sales histoires de biens,

de dettes et de « qui va t’épouser ? »

Plus rien à laver, le linge sale, c’est l’infamie !

Querelles ancestrales,

mutilant toute une famille,

jusqu’à aujourd’hui ruminer sa rancœur,

se sentir abusé, trop souvent trahi comme humilié

et à part un marabout plus personne pour communiquer,

traverser les enfers des mensonges,  le cœur scié à en chier,

quand un père fait tous les choix même de toujours tout décider,

même dans le mauvais, tire les ficelles,

nous livrant à destins de polichinelles!

Eduquer dans les traditions berbères,

à la guerre comme à la guerre!

 

La paix? On ne la trouvera qu’une fois poussières…

Reste pour s’évader: le souvenir des berceuses « Lala Bouya »

de nos mères, entendre l’appel à la prière

résonner dans le silence de nos galères

mais la famille c’est la famille,

on pardonne même si on n’oublie pas,

parce que rifains, nous sommes, au Rif, on reviendra…

si on s’en va c’est pour mieux y revenir

dans la peine ou dans la joie

comme le soleil au ciel, on lui appartiendra…

Fin