Paul Mathieu

Assis au seuil du seul dans la nuit qui s’allonge à pas de renard & à pas de loutre avec son champ désormais en friche & l’établi désert voilà le marcheur qui s’en va retrouver quoi ?

À la sortie du chemin où il a avancé comme il a pu le vacarme du désir sourd encore au creux des puits dans l’obscurité soudaine où l’on entend cahin-caha murmurer son histoire

Éblouis par l’hésitation permanente du soleil on invente alors déployées dans le vent & dans le vert quelques herbes tremblantes ramenées de toutes les prairies de rencontre

Comme dans un songe on dit « Nous sommes » & l’on affirme avoir été pour garder un peu de lumière au-delà de l’horizon malgré la pluie qui vient & qui est venue

Deux ou trois frêles phrases de funambule qui s’élancent vacillantes au-dessus du vide & qui portent l’humanité sur leur maigre poitrine