Eric Brogniet : « Rose noire »

 

La rose ouvre la rose
En son mêler intime
Car le blanc et le noir
En leur chemin

Sont complémentaires
Et dessinent la voie du vide parfait
Où chacune déplie l’autre
En son pétale

 

Entre l’aube et sa rosée qui pleure
En ce crépuscule où luit la voie lactée
Et l’opalescence
Où l’infini prend source

La rose est dans la rose
Et la rose est illimitée
En chaque frisson qui l’éblouit
Sous cette lumière qu’on appelle la vie

 

Qui es-tu, rose en ce mois de mai
Resplendissant de toutes tes blancheurs
Jeunes pétales en avalanche
Sous des ciels encore changeants

Cœur serré qui veut éclore
Et se dénouer
Au toucher d’un cœur complémentaire

Que la brise légère en son toucher
Agite sur sa tige
Et qui surgit des pierres
Bordant un chemin qui n’existe pas ?

Qui es-tu, rose en ce mois de mai
Sinon l’éclair entr’aperçu
Et sitôt disparu ?

 

Le jour est lumineux comme une source
Et c’est blancheur partout aux branches
Où la rose à peine éclose se ressource

Mais pourquoi donc tremble-t-elle
Jusqu’en son cœur
D’un froid tout à coup assassin

Quel fragile bonheur
Faut-il donc en cet instant
Tuer

Dans le cristal figé
Où neige encor
La promesse d’un éternel été ?

Rose noire
Rose de personne
Puisqu’avançant la main
En cet air sombre

Nulle trace n’est à demeure
Et qu’écrire est la trace
D’une trace perdue

Et que la rose n’est pas l’image
De la rose ou du monde
Ou du ciel ou de la terre

Mais la présence de ce qui s’efface
Et brûle le monde
Et le ciel, la terre et la rose elle-même…

Hubert Antoine « Réservez-moi un rêve »

Pas un élan

Recouvert de peinture

 

Sinon un peu d’embrun

Dans le souffle à l’oreille

Et le ciel griffé d’ailes

 

Réservez-moi un rêve

Muet obscurément

Echappé de vous machinal

 

Comme une blessure soudaine

 

Un rêve pour après la mort

Qui me révélerait

Devant la porte de ma maison

 

***

 

La douleur ne dit rien

Mais fait dire

 

Es-tu dans le geste des mots

Qui te sont adressés ?

 

On ne sait d’où le souffle vient

Ni le lieu de l’union

De l’haleine et du vent

 

Deuxième poème de Carl Norac en tant que Poète National

Une des missions du Poète National est d’écrire, durant son mandat, douze poèmes liés à l’actualité ou l’histoire de notre pays.

En cette période de crise sanitaire, il a pris à bras le corps ce sujet qui nous touche tous : le coronavirus. Traité avec douceur, caractère et une pointe d’humour, Carl Norac nous offre ainsi quelques mots de poésie qui apaisent les angoisses de ces jours difficiles…

 

 

UN ESPOIR VIRULENT

 

J’ai attrapé la poésie.

Je crois que j’ai serré la main

à une phrase qui s’éloignait déjà

ou à une inconnue qui avait une étoile dans la poche.

J’ai dû embrasser les lèvres d’un hasard

qui ne s’était jamais retourné vers moi.

J’ai attrapé la poésie, cet espoir virulent.

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Premier poème de Carl Norac en tant que Poète National

Le premier poème de Carl Norac rend hommage au pouvoir de la poésie dans le monde d’aujourd’hui.

 

Poème pour l’enfant au bord d’une page

 

La poésie fait son nid d’une main à peine ouverte,

elle peut suivre les lignes de la paume

et aussi vivre  dans un poing.

Elle est ce souffle inattendu qui patientait en toi,

ce temps posé sur l’instant, mais qui dure.

Si tu veux la dresser, change de livre,

délaisse les gens qui veulent la définir.

Elle aura toujours le coup d’aile d’avance

de l’oiseau quand tu veux l’attraper.

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12ème poème d’Els Moors en tant que Poète Nationale

Le dernier poème d’Els Moors en tant que Poète Nationale. Le 14 février, l’anthologie de ses poèmes Nationaux apparaîtra sous le titre Knalpatronen / Pyrotechnies / Knallkörper

 

Réfugié

 

halte ! laisse-moi pleurer et penser à toi

mes chameaux délaissés mugissent sous

les éclairs fulgurant au désert

le vent attise les feux que j’ai abandonnés

 

près de ton corps brûlant tu m’es

plus cher que tout l’or que je

possède mais sans ton amour mon

plaisir est devenu un serpent cruel

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11e poème d’Els Moors en tant que Poète Nationale

L’avant-dernier poème d’Els Moors: des voeux pour le nouvel an.

Courageuse

 

je ressens un grand désir de

jeter aux ordures cette vieille année

j’éprouve encore les bords coupants de son été

et toutes ses autres saisons

 

à la fin de toute chose un humain

reste simplement un humain

et ça vaut aussi pour moi –  désarmée

prête dans cette lumière d’hiver embrumée

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10e poème d’Els Moors en tant que Poète Nationale

À la fin du mois d’août, notre Poète Nationale, Els Moors, a séjourné à la Letterie, à Ostende. Elle y a côtoyé quelques écrivains, « échoués » sur la côte belge le temps d’une résidence, ainsi que son successeur, Carl Norac. Carl, fraichement installé à Ostende, leur a proposé ses premières impressions de la ville balnéaire en photos et celles-ci ont inspiré les écrivains résidents. Ce séjour a donné lieu à un « Gesamtkunstwerk », une œuvre d’art totale, en allemand. Ce nouveau poème, « Leçon de vol » en fait partie.

 

Leçon de vol

 

voici la rumeur de la mer mais dans cette ville
en mémoire des vagues qui échouent sur la plage
résonne toujours d’abord le chant rond des mouettes
allant d’un sifflement affolé sur

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10ième poème d’Els Moors en tant que Poète Nationale

À la fin du mois d’août, notre Poète Nationale, Els Moors, a séjourné à la Letterie, à Ostende. Elle y a côtoyé quelques écrivains, « échoués » sur la côte belge le temps d’une résidence, ainsi que son successeur, Carl Norac. Carl, fraichement installé à Ostende, leur a proposé ses premières impressions de la ville balnéaire en photos et celles-ci ont inspiré les écrivains résidents. Ce séjour a donné lieu à un « Gesamtkunstwerk », une œuvre d’art totale, en allemand. Ce nouveau poème, « Leçon de vol » en fait partie.

 

Leçon de vol

 

voici la rumeur de la mer mais dans cette ville
en mémoire des vagues qui échouent sur la plage
résonne toujours d’abord le chant rond des mouettes
allant d’un sifflement affolé sur

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9e poème d’Els Moors en tant que Poète Nationale

500 ans après la mort de Léonard de Vinci, le Festival Musica Divina met à l’honneur cet Homo Universalis. A la demande de l’aile poétique du festival, Poesia Divina, la poète nationale Els Moors a écrit un psaume sous la devise : ‘de klank van Da Vinci’ [le son de De Vinci].

Le poème se veut presque une interprétation libre de la lettre que de Vinci a écrite à Ludovico Sforza, dans laquelle il fait principalement l’éloge de ses propres arts de la guerre. Ce n’est qu’à la fin de cette lettre qu’il mentionne qu’il peut faire n’importe quoi dans le domaine des arts. D’où le choix du titre : « En poésie, je peux faire tout ce qu’il est possible de faire ».

Ce poème sera présenté en live pour la première fois, cet après-midi à 17h00 à Poesia Divina à Herentals. Vous trouverez tous les détails pratiques ici, la représentation est gratuite !

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8e poème d’Els Moors en tant que Poète Nationale

Greta Thunberg a réveillé les dirigeants du monde lundi dernier (23.09.19) avec son discours enflammé sur le climat au sommet des Nations Unies à New York. L’activiste suédoise pour le climat est depuis longtemps une source d’inspiration dans la lutte pour des mesures climatiques plus strictes, en particulier chez les jeunes. Cette année, des étudiants ont afflué dans les rues pour réclamer une politique de lutte contre le changement climatique, encouragés par les premières séances d’absentéisme de Thunberg. Cela n’a pas échappé à notre Poète Nationale, Els Moors : elle s’est inspirée, pour sa chanson de protestation, des slogans vus lors des différentes marches à Bruxelles. Sa chanson a été reçue avec un tel enthousiasme que des traductions spontanées ont été proposées – comme la traduction française du futur Poète National Carl Norac – de sorte que « Hoe heter hoe beter » devient aujourd’hui un poème national officiel.

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