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« Révolutions intérieures », le quatrième poème de Lisette Lombé

 

RÉVOLUTIONS INTÉRIEURES

JE DANSE

langue loque,
piment de la première strophe,
ligne de sueur sous mon poumon politique,
bracelets de cheville en verre pilé.
Piétiner toute poésie qui ne saignerait pas assez.

JE DANSE

robe blanche, linceul de l’éveil,
épaules recouvertes de pollen.
Ma mère dit que ça ne se fait pas, quand on a des voisins,
de faire sécher ses petites culottes dans le jardin.
Et je la crois.

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« Promesses, promesses », Le troisième poème de Lisette Lombé

Promesses, Promesses

Mémoires friables.
Fenêtres ouvertes.
Vent frais sur nos fronts.

Seconde de silence
juste avant les applaudissements.

Vingt heures pile.

Encouragements censés s’envoler vers le personnel soignant
mais élan inverse de l’hélium.
Ballon d’espoir qui se dégonfle au pic des contaminations,
retombe sur le flanc,
à côté d’une haie
de déshonneur.

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Le deuxième poème de Lisette Lombé

Et nous parlerons alors le même langage

DEMANDEZ-MOI pour qui je voterai aux prochaines élections, pour qui j’irai glisser dans les urnes le ticket gagnant du futur de mes enfants

et vous comprendrez le mot CONFIANCE.

 

DEMANDEZ- MOI pardon pour la gauche guimauve, pardon pour la droite draculesque, pardon pour le ventre fourre-tout du centre, sincèrement pardon

et vous comprendrez le mot COURAGE.

 

DEMANDEZ-MOI combien de couleuvres, combien de sornettes, combien de gouttelettes de spermes ou de sottes promesses j’ai avalées depuis mon adolescence

et vous comprendrez le mot DOMINATION.

 

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Le premier poème de Lisette Lombé

Sous la vareuse de foot

 

Comme un harpon,

planté droit dans le carré de chair le plus vulnérable

d’une bête se croyant à l’abri de la voracité des hommes,

voilà que se sont mises à déferler,

sur mes sages journées,

les images de ces enfants

bien plus jeunes que la plus jeune de mes enfants.

 

Ai tenté d’éviter mâchoire du haut qui tremble
et mâchoire du bas qui tremble dans l’autre sens.
Ai tenté d’éviter foyers gravats civières cendres visages poussière vivres balancés du ciel bombes ruades réflexes de survie affolement filets de sang morts décomptes vertige otages fantômes chiffres documenter documenter attaques noms prénoms familles fosses hôpitaux de fortune frontières peau de chagrin danser tomber sol larmes sept octobre faillite collective militaires rapine selfies jouets lingerie bijoux barrages corps documenter outrages documenter linceul international documenter une jambe au lieu de deux un bras au lieu de deux un parent au lieu de deux alignement alignement minuscules draps blancs.

Ai tenté,

quelque part entre bonne et mauvaise conscience.

Ai tenté d’éviter

mais déjà déroute,

mais déjà désastre,

passés de la rétine à la moelle sensible.

 

Un enfant,

le redire,

bien plus jeune que la plus jeune de mes enfants,

partage sa ration de nourriture avec un chien.

Division du dénuement.

Un autre,

à plat ventre dans la boue,

boit l’eau d’une flaque.

Soif de justice.

Un autre dit : « Ton père est un martyr »

Orphelin automate.

Petites mains pinces de crabe.

Sphincters ouverts.

sous la vareuse de foot,

un cri cherche sa voix.

Le douzième et dernier poème de Mustafa Kör

Belgique

 

sur tes routes tantôt déchirées

tantôt semées de pavés ricanants

je me suis lancé, tout bêtement comme le sang qui circule

je voulais déterrer les trésors de ta glaise

mais ne sachant où les trouver, j’ai pris la mer

hissé les voiles et vogué vers des horizons délaissés

le fameux bâton des ancêtres, taillé dans un

arbre glorieux, m’a montré le chemin quand je m’égarais

pendant que fébrilement je vous cherchais, il m’a parlé

son langage était antédiluvien

un frissonnement montant du ventre de la terre

nous a traversés lorsque nous avons compris tous les deux

qu’il importait peu que nous parlions la langue de l’autre

et dès que nous l’avons su, est venu l’adieu rédempteur

de ceux qui n’avaient pas aimé qu’avec les yeux

 

 

Mustafa Kör
Traduction :  Katelijne De Vuyst, avec Danielle Losman et Pierre Geron

Le onzième poème de Mustafa Kör

Bibliophile

 

Ce sont des promesses que tu espères décrocher

sous abri comme ruches bourdonnantes

Un coup d’œil a suffi il t’en fallait plus

pour vivre

 

Zigzaguant, longeant les échines, tu cueilles
aux rayons bien gorgés ci et là quelques fruits

Chaque fois que tu en touches un, corps et âme

tout s’illumine

 

Sous l’emprise d’une grande clarté tu chasses

depuis en territoire conquis. Le butin escompté,

feuilles d’or et lucidité

 

Sous cette charpente reposent d’éternelles merveilles

à portée de main, comme des bonbons. Cela, tu l’as senti

d’emblée. Depuis les jupes maternelles

tu as levé les yeux et ton Big-Bang s’est accompli

 

Mustafa Kör

Traduction : Danielle Losman, avec Katelijne De Vuyst et Pierre Geron

Le dixième poème de Mustafa Kör

Seul

 

une mer d’acier nous séparait

échoué d’un autre bord

sur ce rivage hostile je vous ai trouvé

 

les vagues vous lavent, préparent la levée du corps

vous délivrent en votre grande solitude

 

la solitude appartient au créateur

est-ce pour ça que j’incline la tête et exhume

des prières pour votre passage

 

si l’on vous oublie, je me demande

une telle mort, sera-t-elle notre destin

ou aurons-nous miséricorde

 

votre dernier soupir

la houle qui m’a porté vers vous

 

à peine ai-je frôlé votre rivage que

je rejoignais la tempête qui n’apportait plus rien

que des vers tardifs dans le silence que vous nous laissiez

 

Mustafa Kör

Traduction : Danielle Losman, avec Katelijne De Vuyst et Pierre Geron

Le neuvième poème de Mustafa Kör

Bon vent

 

Ce n’est pas un adieu

C’est-à-dire pour qui aime

Avec son corps

 

Mustafa Kör
Traduction : Pierre Geron

Le huitième poème de Mustafa Kör

Grands enfants

Tu te réveilles et tu vois un monde déchiré
Aussitôt tu deviens une grande personne
Qui doit retenir ses larmes pour des parents

 

Tu veux bercer la terre la rendormir
Dire que tout s’arrangera
Comme le promettaient les affiches sur tes murs

 

L’enfance c’était attendre et subir
Mais aujourd’hui tu as le premier choix
Dans la sélection d’un avenir

 

Tiré du bac à balles que je t’ai apporté
Pour qu’un moment encore tu restes un simple enfant
Inventeur du rire généreux

 

Mustafa Kör

Traduction : Katelijne De Vuyst, avec Danielle Losman et Pierre Geron

Le septième poème de Mustafa Kör

tuessibellesibelle oh tu es si belle tu es la plus bellet
u as des yeux à s’y perdre de si beaux yeux je nai ja
mais ils brillent de mille feux et tes lèvres leur mervei
lleuseforme sublime roseprofond lèvreslumineuses v
raiment uniques qui invitent aux baisers et tes mains
et tes doigts dieu comme tracés au pinceau gracieux
et fuselés comme des vignes au soleil àsaluer avecr
évérence ton rire désarmant rire éclatant qui chasse
les soucis et invite à rester près detoi àte rejoindrese
montrergénéreux commetoi latendre laplustendredou
ce et bellebellepersonne adorée depuistoujours jet
aime

 

Mustafa Kör

Traduction : Katelijne De Vuyst, avec Danielle Losman et Pierre Geron